Parfois défini, à l’instar de la dépression, comme le « mal du siècle », le Burn-out fait de plus en plus de victimes. Plus de 8.000 personnes en Belgique en étaient atteintes en 2015, et selon les données de l’Institut national d’assurances-maladies-invalidité (INAMI), ce nombre aurait doublé entre 2010 et 2015. À l’heure actuelle, 9,2% des travailleurs belges seraient victimes de burn-out, selon le secrétariat social Securex.
PRÉVENIR PLUTÔT QUE GUÉRIR
Parce qu’il vaut mieux prévenir que guérir, le meilleur moyen d’éviter l’émergence d’une telle situation est encore de travailler préventivement sur ses causes profondes. Que ce soit pour vous-même, un de vos collègues ou encore un de vos employés, certains signes avant-coureurs peuvent vous mettre la puce à l’oreille quant à des risques potentiels. Nous avons rencontré Julie Delize, Consultante RH, Coach et Formatrice, qui a témoigné, au travers de ses expériences de praticienne au quotidien, de l’importance de conserver du plaisir dans son travail.
Parlez-nous des éléments qui vous ont poussé à réfléchir à cette problématique du plaisir au travail?
«Au fur-et-à-mesure de ma pratique professionnelle, je constate que les personnes en situation de souffrance professionnelle décrivent la présence d’une fracture ; rupture systématique à l’origine des souffrances professionnelles de tous types : burn-out, bore-out et brown-out. Notre bonne éducation et les principes qui en découlent nous ont profondément marqués (et c’est heureux !) : fais plaisir, sois gentil et poli, dis merci, rends service, etc. Le HIC, c’est qu’on a omis de nous glisser LA limite : moi et la défense de mes intérêts. Une question essentielle à se poser lorsque vous êtes confrontés à la souffrance au travail est la suivante: « ce job, je le fais parce que ça m’épanouit ou parce que le système l’exige? ». Il ne faut évidemment pas me faire dire ce que je n’ai pas dit… Chaque boulot comporte son lot de tâches qui nous plaisent moins et ce n’est pas ça que je vise avec cette réflexion. Je propose ici, d’adopter une vision globale, une « méta-position ».»
En quoi et pourquoi est-il si important, même dans le cadre professionnel?
« Un travail, quel qu’il soit, doit rester source d’épanouissement. Il procure satisfaction, fierté, lien social et amène de la reconnaissance. Cette réalité est trop souvent omise ou occultée. C’est en général, le début de la souffrance professionnelle: on se force, on lutte contre un système dans lequel on ne croit plus ou qui va à l’encontre de nos principes, des valeurs que l’on défend. Notre travail perd alors de son sens pour finir par ne plus revêtir d’intérêt. Cette logique du « fais plaisir » doit très certainement être étendue à la « bienséance » et aux pressions sociale et familiale que nous connaissons tous: « quand on a un travail, on ne le quitte pas », « fais des efforts, prends sur toi », « avec ce que tu gagnes, tu vas tout envoyer balader? », « avec ton diplôme, t’orienter vers cela… ça n’est pas raisonnable! ». Raisonnable … ce mot qui sonne si faux lorsqu’il est utilisé dans cette logique ! Être raisonnable, c’est agir avec raison. La raison est-elle de se forcer à rester dans un système (dans une entreprise, dans un métier) qui ne nous correspond plus ? La raison veut-elle que nous nous entêtions à travailler pour une cause et/ou dans un contexte qui ne nous convient plus ? Ou encore que nous abandonnions notre équilibre vie privée-vie professionnelle ? Voire même que nous sacrifiions notre bien-être pour un travail ? »
Que conseillez-vous à ces personnes “en souffrance ” ?
« Je n’invite certainement pas tout un chacun à quitter son emploi à la première contrariété… En revanche, j’exhorte les personnes qui souffrent dans le cadre professionnel, à la réflexion suivante: « ce job, je le fais pour mon plaisir ou pour « faire plaisir »? ». En effet, lorsque la « fracture » est là ; il est en général trop tard. La solution ? Poser ses limites. Quelques trucs pour se (faire) respecter et poser ses limites afin que mon job reste mon « plaisir » et source d’épanouissement.
La règle du 50-50.
Chaque relation (professionnelle ou non) doit être considérée comme un tout équivalant à 100. Dans ce tout, il est important que chacun fasse « sa partie du chemin »: 50% chacun. Veillez à systématiquement préserver cet équilibre. Lorsque vous estimez que vous avez effectué tout ce qui vous incombait, laissez l’autre réaliser ses 50%.
Parler en « je » et exprimer vos émotions ne fait de vous, ni une personne égoïste, ni une personne faible…
Exprimez-vous en « je » en faisant part de votre ressenti et du « comment vous vivez la situation devenue intenable pour vous » et objectivez la situation à l’aide d’exemples concrets. La personne en face de vous ne pourra nier ce que vous ressentez et donc, votre postulat de base sera incontestable… De plus, les exemples concrets renforceront la limite posée.
« Cessez d’être gentil, soyez vrai! ».
Titre d’un ouvrage de Thomas d’Ansembourg, cette petite phrase nous invite à sortir de l’utopie qu’on peut être accepté par tout le monde !
Ces besoins de reconnaissance et d’appartenance nous poussent à adopter des comportements qui ne nous correspondent pas, voire qui vont à l’encontre de ce que nous sommes, de nos valeurs et de nos principes.
Tentez d’agir conformément à ce que vous pensez et à qui vous êtes… Le résultat sera surprenant ! »